Qui pourrait croire en la sincérité des propos tenus par Alexandre Barro Chambrier dans les colonnes du site Gabonreview. Proposer la mise en place d’un consensus politique pour une période de transition au sommet de l’Etat, n’est-ce pas là une arnaque de plus, pour essayer d’obtenir une place par le consensus qu’on n’a jamais pu obtenir par les urnes ?
Raisonnablement et avec lucidité, rien à ce stade de la situation de notre pays ne justifierait une transition au sommet de l’Etat. Pour ceux qui persistent dans la démarche ubuesque de la vacance du pouvoir, la justice gabonaise dans sa souveraineté s’est prononcée depuis belle lurette. Continuer d’entretenir cette chimère aux yeux de leurs partisans, c’est vendre du rêve alors que la réalité est toute autre. Les arguments développés par ABC pour soutenir sa démarche ne sont fondés que sur ses propres convictions, elles-mêmes construites à partir d’un imaginaire débordant.
La crise présentée dans son papier comme politique n’est autre que sanitaire. Sur ce plan, le Chef de l’Etat Ali Bongo est toujours en tête de la riposte nationale contre la covid-19. Le caractère anticipatif des décisions politiques d’autorité, par exemple lorsqu’il s’est agi de confiner le Grand Libreville ou de renforcer les capacités opérationnelles de prise en charge sanitaire des patients testés positifs, montrent à suffisance qu’Ali Bongo ne transige pas lorsqu’il s’agit de protéger les Gabonais.
Au plus fort de la crise, le Gabon n’a vu aucun de ses enfants de l’opposition qui prétendent aujourd’hui détenir les recettes politiques miracles. Ou était Alexandre Barro Chambrier tout au long de la crise ? Qu’à-t-il posé comme actes sur le terrain, lui et son parti, alors que les compatriotes étaient confrontés à d’énormes difficultés. Pourtant, il n’est pas impossible qu’il ait tiré profit de la crise par l’intermédiaire de la clinique Chambrier. Saviez-vous que le test covid-19 est facturé à 100 000 Francs CFA dans cette clinique ? n’est-ce pas là exploiter la fragilité des compatriotes dans les moments les plus difficiles ? Non Monsieur Chambrier, vous n’allez convaincre personne de vos bonnes intentions pour ce pays.
Dans son propos à Gabonreview, ABC dit vouloir proposer un nouveau modèle politique et institutionnel. Des propos extrêmement risibles pour un homme qui, non seulement a tout hérité de son paternel mais a tout obtenu politiquement et administrativement par l’entregent de ce dernier. Il n’échappera à personne que le consensus politique est ce que le Gabon a toujours fait ces trente dernières années. C’est ce modèle qui aura permis de garantir à des hommes insignifiants de crédibilité politique, des places au gouvernement et dans d’autres sphères du pouvoir.
Ce modèle politique existe dans notre pays depuis 1994 avec les accords de paris ou en 2006 avec les accords d’Arambo. Il n’y a donc rien d’innovant dans cette proposition du président du Rassemblement pour la Patrie et la Modernité.
Enfin, chacun doit pouvoir être mis face à ses carences politiques. Quand on a été battu dans son village (Glass) et qu’auréolé par cet échec honteux, on s’imagine avoir un destin national, cela voudrait dire que l’on n’a même pas eu l’humilité de tirer les leçons de sa débâcle politique récente. Alexandre Barro Chambrier est le prototype d’un système qu’Ali Bongo Ondimba a toujours combattu dans sa politique de l’égalité des chances.
Pendant que les valeureux Gabonais s’agglutinent sur des parcelles de terre extrêmement minuscules dans le quartier Ozangue, Alexandre Barro Chambrier lui, pourrait faire du cheval dans la concession familiale qui s’étend sur des milliers d’hectares, située dans le même quartier. Le soir à la télévision et sur les réseaux sociaux, il viendra nous parler de justice sociale, dans un costume tout neuf et une paire de lunettes à la monture doré. De qui se moque-t-on ?
FIN ./.
Par Gabriel Bibamba, politologue et Observateur de la vie politique gabonaise