Dans une tribune accordée par le Magazine Jeune Afrique, le Ministère de Eaux et Forêts, de la Mer, de l’Environnement, chargé du Plan climat et du Plan d’affectation des terres, Pr. Lee White, a fait part de la valeur accordée aux services écosystémiques fournis par les ressources naturelles dont le développement du Gabon dépend.
« Pendant des siècles, nous avons agi par ignorance, avec peu ou pas d’impact. Mais après les sommets de l’ONU sur l’environnement de 1972 et de la Terre à Rio en 1992, nous ne pouvons plus prétendre à l’ignorance. À Rio, nous savions que pour chaque hectare de forêt naturelle que nous défrichions, il y avait un prix à payer pour les générations futures, que pour chaque tonne de charbon ou de pétrole que nous brûlions, nous devions absorber une quantité équivalente de CO2 et purifier l’air que nous respirons » a déclaré le Professeur Lee White.
En effet, certains pays ont pris en considération ces mesures. Le Costa Rica, dont les services écosystémiques ont commencé à faire défaut lorsque la couverture forestière est tombée à 20 % au début des années 1980, l’illustre parfaitement. Aujourd’hui, cette couverture dépasse à nouveau les 50% et le Costa Rica est un leader mondial dans l’intégration de la valeur des services environnementaux et de la biodiversité dans son développement national.
Lors du sommet de l’ONU sur la Terre à Rio en 1992, le Feu Président du Gabon, Chef de l’État, Son Excellence El Hadj Omar Bongo avait déclaré : « trop souvent, en Afrique, nous nous sommes sentis obligés de nous développer à n’importe quel prix ». Il faisait référence au coût environnemental des mauvaises décisions de développement qui, souvent aggravées par les changements climatiques, enferment les pays dans la pauvreté et la dégradation de l’environnement. Ayant participé aux sommets de Stockholm et de Rio, sa réaction a été de réformer l’exploitation forestière pour la rendre durable et de créer un réseau de parcs nationaux, changeant ainsi complètement la trajectoire environnementale du pays.
En 2011, lors de la Conférence de Durban sur le changement climatique, le Président de la République, Son Excellence Ali Bongo Ondimba, a poussé le Gabon plus loin sur la voie du développement durable, ironiquement en retirant le pays du processus REDD+ de la Convention-cadre de l’ONU sur les changements climatiques. En 2009, peu après son élection, il avait interdit l’exportation de grumes non transformées du Gabon, au motif que nous ne pourrions jamais gérer nos forêts de manière durable si nous continuions à fournir des matières premières bon marché au reste du monde. Seuls 8 % de la valeur potentielle et de la création d’emplois sont réalisés au Gabon en exportant des grumes.
Ayant été avec les dirigeants du G20 à Londres en 2008, lorsque le dispositif REDD+ avait été promu, et ayant ensuite siégé pendant 25 heures avec 20 autres chefs d’État lors de la rédaction de l’accord de Copenhague, il savait qu’il aurait été totalement irresponsable de parier l’avenir de l’économie gabonaise et de ses forêts sur la bonne volonté des nations donatrices. Il avait instruitde construire un nouveau modèle de développement, sur l’exemple du Costa Rica, qui assurerait à la fois le développement économique et social du Gabon et l’avenir de ses forêts tropicales.