En février 2021 l’Union Africaine avait officiellement désigné le Gabon et le Ghana comme étant ses candidats au poste de membres non permanents du Conseil de sécurité de l’ONU pour la période 2022-2023, le chef de l’Etat congolais, président en exercice, violé les textes de l’organisation et a annoncé que la RDC se porterait candidat.
Lincomprehension et la confusion règnent dans les couloirs de l’Union Africaine. Depuis février dernier, l’organisation avait déjà officiellement désigné ses candidats au poste de membres non permanents du Conseil de sécurité pour la période 2022-2023. Cependant, le Président en exercice, Félix Tshisekedi de la RDC, voit les choses se dérouler autrement et décide d’outre passer cette décision, pourtant régulièrement et consensuellement approuvée.
« C’est d’autant plus regrettable que Félix Tshisekedi profite de sa position de président en exercice de l’UA pour faire prévaloir les intérêts de la RDC au détriment de ceux d’un continent tout entier », peste un chef d’Etat d’Afrique de l’Est.
Du côté de la commission de l’UA c’est la répulsion et l’embarras. « Nos textes sont très clairs. Les candidatures sont closes depuis le 31 décembre dernier et la décision de sélectionner le Gabon et le Ghana a été définitivement prise début février. Dans ces conditions, imposer la candidature d’un autre pays, c’est violer les textes qui régissent notre organisation. Et c’est d’autant plus surprenant que ça provient de celui-là même qui est censé être le garant du respect de ces textes », s’inquiète un commissaire de l’UA d’origine ouest-africaine.
Selon un politologue de l’Université catholique de Louvain en Belgique, si Félix Tshisekedi fait pressionvpour imposer la candidature de la RDC au poste de membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU pour la période 2022-2023, c’est pour une raison bien précise.
« Il y a une élection présidentielle fin 2023 en RDC. Or, Félix Tshisekedi, qui est devenu président début 2020 dans des circonstances très controversées puisqu’il a en réalité été nommé par son prédécesseur Joseph Kabila, n’est pas en bonne posture pour l’emporter à la régulière lors du prochain scrutin prévu en 2023. Or, si son pays siège à ce moment-là au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, se sera, pense-t-il, plus facile pour lui de manœuvrer afin d’éviter les remontrances, voire les sanctions, de la communauté internationale », éclaire cet universitaire RD congolais.
Cet avis est partagé par un haut représentant du Département d’Etat, le ministère des Affaires étrangères américain. Pour lui, il s’agit clairement d’une « manœuvre » visant à « se couvrir en vue de la prochaine présidentielle ». « Personne n’est dupe », fait-il remarquer.
Ce diplomate expérimenté, très proche du président Joe Biden, invite la Commission de l’UA à faire respecter ses propres textes. « Il revient à l’UA de balayer devant sa porte. Il en va de la crédibilité de cette institution (…) M. Moussa Faki Mahamat, en sa qualité de président de la Commission de l’UA, doit sortir de son silence et prendre ses responsabilités en appelant à la raison M. Félix Tshisekedi », plaide ce membre de l’administration Biden.
C’est une manière diplomatique, pour l’administration Biden de rappeler les intéressés à l’ordre car, dans le cas contraire, indique ce responsable du Département d’Etat, « les Etats-Unis n’hésiteront pas à en tirer toutes les conséquences ».