Le Gabon, qui n’a jamais été une colonie britannique, ambitionne de devenir membre de l’organisation du Commonwealth qui rassemble 54 pays, pour 2,4 milliards d’habitants et avec l’anglais comme langue officielle. L’Afrique compte dix-neuf membres, et forme le plus gros contingent de pays du bloc avec pour spécificité le fait que certains États comme le Mozambique et le Rwanda ne sont pas d’anciennes colonies britanniques.
« Le Gabon dispose de nombreux atouts pour intégrer le Commonwealth. Notamment l’engagement sur les changements climatiques et les politiques de développement durable, la stabilité du pays depuis de nombreuses décennies et son engagement dans la stabilité de la sous-région et du continent, ainsi que l’engagement du Gabon sur les droits de l’homme et l’égalité des genres », c’est ainsi que le projet a été présenté par le Gouvernement, la visite à Londres du Président de la République, Son Excellence Ali Bongo Ondimba.
Le 11 mai, le Chef de l’État gabonais y avait rencontré, la Baronne Patricia Scotland, Secrétaire Générale du Commonwealth, et le Prince Charles, afin d’évoquer la signature de la charte de l’organisation qui devrait avoir lieu lors du sommet de Kigali initialement prévu en juin, mais repoussé à une date ultérieure.
Pour le Gabon, le
Le premier enjeu du Gabon est l’ouverture vers le monde anglophone, dans un contexte où l’influence française se fragilise, soixante ans après son indépendance imposée par Paris. Au moment de la décolonisation, souvenons-nous, le Gabon se distinguait des autres pays d’Afrique francophones par le fait que le Président Léon Mba réclamait plutôt la départementalisation.
Dix ans que le Gabon se rêve en pays bilingue
Depuis l’accession du Président de la République, Son Excellence Ali Bongo Ondimba, à la Magistrature Suprême il y a quelques années, le Gabon, riche en pétrole et en uranium, pour deux millions d’habitants et une superficie d’un peu moins de 200 000 m², a longtemps constitué un pays source pour la France sur le continent.
A ce jour, l’Hexagone a perdu du terrain sur le plan économique au profit d’investisseurs, principalement asiatiques, qui ont repris des secteurs stratégiques. Bien que, l’idée de se tourner vers le monde anglophone n’est pas nouvelle.
Il y a près de dix ans déjà, le Gabon très inspiré par le Rwanda, avait décidé d’adopter l’anglais comme deuxième langue officielle et le financement avait été engagé pour la formation d’enseignants afin d’initier le bilinguisme dès l’école primaire. Le projet n’a cependant pas connu un véritable développement. Le bilinguisme au Gabon reste un leurre pour le moment; ce qui laisse prétendre que les autorités visaient déjà une entrée dans le Commonwealth en prenant cette décision.
Si adhérer au Commonwealth ne donne droit à aucun avantage commercial; cette adhésion peut faciliter la conclusion d’accords bilatéraux de partenariat entre membres de la communauté. Le 31 mai 2021, le porte-parole de la présidence gabonaise, Monsieur Jessye Ella Ekogha, a apporté plus de précisions : « L’enjeu pour notre pays est majeur, notamment en termes économiques et de développement, mais aussi sur le plan géopolitique. À l’heure de la mondialisation, il est important que le Gabon s’ouvre à de nouveaux partenariats et à de nouveaux horizons. Or, le Commonwealth est une famille ; une grande famille de 54 États qui interagissent. » Et d’ajouter : « Le but pour le Gabon n’est pas de rejeter, comme j’ai pu l’entendre ou le lire çà ou là, ses anciennes alliances. Non, le but est de les compléter, de les enrichir avec de nouveaux partenariats. »
Le Porte-parole de la Présidence à expliqué que le développement du Gabon, dépend pour une bonne part de sa capacité à attirer des investissements extérieurs. Un point de vue très partagé par les opérateurs économiques en cette période de récession économique. Scholastique Ayoli, cheffe d’entreprise, affirme que « le Gabon a tout à gagner en cherchant à étendre ses relations internationales. Intégrer une union comme celle du Commonwealth permettra surtout au Gabon de se rapprocher du modèle économique des pays ayant un passé commun avec le Royaume-Uni et chez lesquels on constate une dynamique nettement différente de celle des anciennes colonies françaises. À ce titre, en tant que cheffe d’entreprise, je vois dans ce rapprochement plusieurs opportunités et l’ouverture vers de nouveaux marchés. »
Le 2e vice-président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) Nicaise Molombi, par ailleurs président du réseau des organisations de la société civile pour l’économie verte pour l’Afrique centrale (ROSCEVAC), estime aussi que l’entrée du Gabon au Commonwealth serait source d’opportunités d’affaires, notamment dans les secteurs de l’écotourisme, de la transformation locale des ressources naturelles et environnementales, le développement des petites et moyennes industries, et le développement des villes du Gabon. Il pense aussi que l’entrée du Gabon au sein du Commonwealth « pourrait apporter au pays une véritable dynamique d’opportunités économiques, mais également des changements en ce qui concerne la formation professionnelle, universitaire et environnementale. »
Le que s
Sur le plan climat, le vice-président du Cese, pense également que les ONG locales, pourraient capter des financements provenant des pays anglophones, à travers des partenariats directs. « Le Kenya est un bel exemple de cette coopération avec des actions visibles. Aucune ONG africaine n’a émergé avec des partenariats avec des organisations françaises », a-t-il fait remarquer.