Au Gabon, il faut croire que toute situation devrait conduire à un état d’urgence pour être considérée comme problème et que solution soit enfin trouvée. Pour l’opinion publique, « Plan d’urgence » est une expression comme toutes autres. Cependant, pour les administrations publiques, le plan d’urgence de collecte des ordures de la ville de Libreville est synonyme d’opulence.
Les Gabonais se souviendront que le dernier plan d’urgence conduit par Brice Laccruche Alihanga avait occasionné le déblocage massif de fonds publics au profit de nombreuses entreprises toutes créées pour l’occasion des proches de l’ancien “Dircab”, dans le but de résorber l’insalubrité dans la capitale.
Depuis 2012, la mise en place du plan d’urgence de collecte des ordures de la ville de Libreville obéit toujours au même scénario cynique. Le Ministère de l’Intérieur, ordonnateur de crédit au profit de l’entreprise publique de collecte des ordures, crée les conditions défavorables en bloquant la subvention dédiée à l’entreprise publique. En conséquence, cette dernière doit faire face à d’énormes difficultés dans l’exécution de ses tâches par faute de moyens financiers et curieusement l’argent, beaucoup d’argent apparait pour financer le plan d’urgence élaboré ensuite.
Car tous les experts s’accordent à dire que les plans d’urgence s’ils ont permis à quelques-uns de s’enrichir sur les deniers publics ne sont pas la solution pour optimiser la collecte des ordures du Grand Libreville. La solution, pour ces derniers passe par un meilleur équipement et un financement régulier de l’entreprise d’Etat en l’occurrence Clean Africa.
Une solution pourtant évidente que les experts de l’avenue de Cointet ignorent volontairement.
Il serait peut-être temps que le Chef du Gouvernement instruire une enquête, dans l’optique de savoir à qui profite ces nombreux, inutiles et couteux plans d’urgence; sachant que le décaissement de l’argent de public dans les conditions de l’urgence a permis tous ces abus.
C’est la situation dans laquelle se trouve aujourd’hui
À ce jour Clean Africa se retrouve dans une situation inconfortable rythmée par les humeurs de sir Noel-Lambert Matha, qui, d’une main fait preuve de nonchalance dans la mise à disposition des fonds de fonctionnement comme souhaité par les plus hautes autorités et de l’autre main peut se permettre de donner des « coups de pression » à l’entreprise selon la terminologie de nos confrères de Gabonreview.
Le 8 juillet dernier lors d’une réunion qu’il a présidé, le ministre Matha aurait instruit Clean Africa de « débarrasser Libreville de toutes les ordures qui jonchent ses rues depuis quelques temps et de la maintenir dans un état de salubrité durable » Une attitude de « pompier pyromane ». Un source au Ministère du Budget estime que c’est par la seule volonté de Lambert Matha que la subvention de Clean Africa n’est pas régulière . « Qu’il s’agisse du compte d’affectation spéciale ( alimenté par une redevance sur l’achat des unités Edan) ou de la subvention, les fonds sont disponibles, mais je pense que le ministre fait exprès de traîner les pieds. » déclare la source.
Ce « coup de pression » qui vient à point nommé après une campagne de dénigrement de certains acteurs de l’environnement sur les réseaux sociaux a aussi permis à Lambert Matha d’imposer l’Association Gabonaise de Lutte contre l’Insalubrité (AGLI) comme partenaire technique de Clean Africa, nonobstant le fait qu’AGLI soit une organisation non gouvernementale et non une entreprise imposable, par ailleurs de sources sûres l’Association ne possède aucunement la logistique pour suppléer Clean Africa. Tout porte à croire que le «plan d’urgence» a été planifié pour faire de la place à AGLI.